Theo

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samedi 10 février 2018

Etat des lieux

Si parfois j'orage comme ces soirs d'été
plantée sur mon trottoir, pylône automatique
en rêvant de forêts vertes et enragées
de Louxor luxuriantes, de parfums antiques

je reste pourtant là, rivée au macadam
D'âmes damnées combien...ô combien ai-je vu
d'années passer et de radeaux casser leurs rames
sur le ciment de ces limbes grises et nues?

Eldorado, terre promise, tout est vain
car vingt mille lieux sous l'éther il n'y a pas
d'espoir assez grand qu'on ne noie dans le divin
ni de songe assez fou pour oublier trépas

A la liste exhaustive des chers disparus
il faudrait je crois bien ajouter le silence
Le soûlard fait du bruit en pissant dans la rue
et le pendu aussi lorsqu'il se balance

Ci-gît Silence sous l'étonnement des masses
acropoles d'antennes accrochés au néant
Des enfers arrachés aux disséqués espaces
et des coeurs enfermés dans les gêoles du vent

Ci-gisent béates odalisques...ô dames
de coeur, dames nage, reines asphalteuses
Hétaïres venues de pays où se pâment
des soleils sigisbées sur des soies vaniteuses

Vois ces tombes aurifères, ces yeux fermés
pour mieux respirer l'air vicié des mondes vides
Consumés - consommés - informés - infirmés
quand Decima, coiffée de narcisses, dévide

le fil rouge du temps comme un filet de sang

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